c'est pas son genre, à astrée, d'aller dans des endroits comme ça. en fait, la valentina, son genre, c'est le plaqué or. mais voilà. le temps de trouver un appartement à payer en cash sans passer pour une folle, astrée a décidé de faire un truc débile. le genre de chose qu'elle n'a jamais faite, parce qu'elle a été enfant puis mariée. parce qu'il l'enfermait. avant de la relâcher pour une connasse de seize ans. c'est juste un mariage qui s'est essoufflé... mais ça fait mal au coeur. et ça donne envie de faire des conneries. alors elle se présente à l’accueil, fait tout ce qu'il y a à faire et sans raison, on l'emmène dans une chambre à quatre lits qui lui paraît vide au premier coup d'oeil. miss dolce vita s'avance, pose son sac sur un des lits et remarque l'inconnu. il a les yeux rivés sur une pauvre femme qui se douche sans savoir qu'un pervers avec une clope l'observe. "jolie vue." dit-elle avec un sourire avant de regarder son paquet de clope. la môme l'attrape du bout des doigts, hésitante, et la glisse entre ses lèvres pour l'allumer.
ce n'est pas non plus son genre, de ne pas demander. mais tant pis.

elle se sent presque mal, là, sous le regard de l'inconnu. parce qu'il la détaille de haut en bas, comme au scanner et comme s'il représentait à lui seul, elle a peur de l'impression qu'elle peut donner, avec ses cheveux de satan et son air de petite poupée. alors, nerveuse, elle attrape une clope. la môme la glisse entre ses lèvres sans demander l'avis du bel inconnu et il le lui fait remarquer. elle aurait presque pu le prendre mal, sans ce sourire. astrée allume la clope avec le premier briquet qu'elle trouve, soit celui dans sa poche, qu'elle a toujours contre vent et marée. "affectée ici. et visiblement, pas besoin de faire de visite pour trouver de la nicotine." dit-elle avec un clin d'oeil en tirant une longue taffe sur sa cigarette. "et toi, affecté ici ou juste en quête d'une bonne vue pour un peu de plaisir solo ?" finit-elle par demander en se laissant tomber sur le lit. elle tire une taffe et lui adresse un sourire.

oh, si, si astrée veut, astrée peut tout prendre. elle trouve toujours le putain de moyen d'arriver à ses fins. il n'y a qu'une fois, ou on lui a dit non, catégorique et froid. c'est fini. voilà. et astrée elle s'en rappelle tellement bien que ça la révulse, l'idée de ne pas y avoir le droit, aux clopes du pervers. alors elle se promet que chaque jour, elle lui en piquera une. histoire de faire hommage à son image de môme capricieuse. "ça c'est ce que tu crois." sourire joueur, sourire bateau, sourire qui tangue. elle regarde le paquet voler. puis sa propre cigarette dont elle tire une longue taffe. il parle de la silhouette floue et d'une vielle dame, elle esquisse un sourire amusé. c'est vrai que de la jolie demoiselle, on en voit que les traits principaux, les contours, et qu'un instant, on peut en oublier toutes les imperfections. peut-être fantasme-t-il sur une femme laide qui n'est belle qu'aux yeux d'un homme qui l'entrevoit de par un rideau de douche.
triste réalité.
"oh, j'ai hâte de rencontrer cette vieille dame." les douches communes, astrée n'est pas sûre d'apprécier. surtout quand elle jette un regard dans son porte monnaie et qu'elle aperçoit les billets. elle aurait pu se payer un hôtel, très franchement, mais elle veut une nouvelle vie. sans pognon. "je te dirais ça quand j'aurais essayé." elle lui lance avec un clin d’œil. avant de s'allonger sur le lit peu confortable et de continuer de fumer en observant le halo opaque qui s'envole. "au fait, moi c'est astrée." elle dit ça comme si c'était parfaitement normal. c'est vrai qu'astrée, elle balance son surnom à tort et à travers. parce qu'elle a besoin d'exister. dans la mémoire des gens. d'être là.